Le réchauffement climatique accélère le vieillissement des lézards
Une étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences révèle qu’une accélération du vieillissement s’associe au déclin démographique d’un lézard à cause de l’augmentation des températures. Les auteurs notamment du Laboratoire des sciences de l'environnement marin (LEMAR, CNRS/IRD/Ifremer/Université de Bretagne Occidentale) ont constaté que les télomères, les extrémités protectrices des chromosomes, deviennent de plus en plus courts de génération en génération, ce qui implique que la progéniture naît avec un « capital vieillissement » de plus en plus faible. La dynamique des télomères devrait représenter un biomarqueur moléculaire de la disparition locale des espèces, et probablement une solution prometteuse pour évaluer les futures actions de gestion de la biodiversité.
L’information génétique des chromosomes est protégée par des structures non codantes à leurs extrémités, les télomères. Ces séquences d’ADN se raccourcissent à chaque division cellulaire et passé un certain seuil, les problèmes occasionnés pour les cellules entraînent leur sénescence puis leur mort. Ce vieillissement est le prix à payer pour générer et mobiliser de l'énergie par l'activité cellulaire. On le sait, le réchauffement climatique est susceptible d’accélérer la vitesse inhérente du vieillissement, comme l'illustre l'érosion plus rapide des télomères associée à l’augmentation des températures. Ce biomarqueur intègre le rythme de vie individuel et de possibles effets parentaux à travers la lignée germinale. La question est de savoir si la dynamique anormale des télomères dans les populations proches de l’extinction est un phénomène hérité, vécu, ou les deux.
Ici, les auteurs de l’étude ont exploré la co-variation entre l'histoire de vie, la longueur des télomères et le risque d'extinction au sein de trois classes d'âge d’un lézard adapté au froid (Zootoca vivipara) et confronté à des disparitions locales induites par des températures anormalement chaudes. Les résultats montrent que la variation des longueurs de télomères entre individus suit les mêmes relations de seuil avec le risque d'extinction de la population quel que soit l’âge, y compris chez les nouveaux nés, suggérant une accumulation intergénérationnelle d’un vieillissement accéléré dans les populations en déclin.