ERC « Starting » : un chercheur rennais au cœur du magnétisme moléculaire
• Le Conseil européen de la recherche est un organe de l'Union européenne chargé de coordonner les efforts de la recherche entre les États membres de l'UE. • Le Conseil européen de la recherche est également la première agence de financement pan-européenne pour une « recherche à la frontière de la connaissance », notamment via l’attribution de bourses de recherche d’excellence. • L’une de ces bourses, dites « starting », soutient des projets de recherche exploratoire sur une durée maximale de 5 ans et avec un budget de 1.5 million d'euros. Elle s’adresse à des scientifiques ayant obtenu leur doctorat il y a 2 à 7 ans. |
Le Conseil européen de la recherche (ERC) a annoncé jeudi 4 septembre 2025 les résultats de l'appel « ERC Starting Grant 2025 » qui financera cette année 478 chercheuses et chercheurs confirmés et reconnus dans leur domaine, tant au niveau national qu’international, pour un montant total de 761 millions d'euros tirés du programme cadre Horizon Europe. Grégoire David, chercheur du CNRS à l’Institut des sciences chimiques de Rennes1 est lauréat de l’une de ces bourses afin de développer une boîte à outils méthodologique innovante ouvrant un accès inédit à la modélisation des propriétés magnétiques de la matière.
- 1ISCR, CNRS/Université de Rennes/ENSCR
Des matériaux capables de stocker l’information sur une surface minuscule, des ordinateurs quantiques aux performances vertigineuses, ou encore des technologies de pointe dans le domaine médical : autant d’innovations rendues possibles grâce à une meilleure compréhension du magnétisme. C’est dans ce domaine complexe, à la croisée de la chimie et de la physique, que travaille Grégoire David, récemment recruté comme chargé de recherche au CNRS au sein de l’Institut des sciences chimiques de Rennes.
Grégoire David a débuté sa carrière scientifique à Marseille, où il a mené une thèse de doctorat (2015-2018) sur une méthode de calcul innovante pour étudier les interactions magnétiques dans les molécules. Après un passage en Angleterre, à l’Université de Nottingham, où il a exploré le comportement des molécules sous l’effet de champs magnétiques ultra-intenses, il rejoint en 2022 l’équipe de Boris Le Guennic à Rennes grâce à une bourse européenne Marie Skłodowska-Curie Action cofinancée par la Région Bretagne.
Aujourd’hui, Grégoire David pilote le projet BRUNCH, financé à hauteur de 1.5 million d’euros par l’Union européenne, afin de repousser les limites de la modélisation des matériaux magnétiques. L’objectif : faire de la méthodologie de calcul la plus utilisée en chimie, appelée théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT), une méthode de pointe en l’adaptant à la prise en compte des effets relativistes — phénomènes liés à la vitesse des électrons dans les atomes, très importants pour les éléments du bas du tableau périodique comme les lanthanides et les actinides, et à l’origine de nombreuses propriétés magnétiques.
Ces effets sont au cœur des propriétés des molécules-aimants et des matériaux multifonctionnels, qui combinent plusieurs fonctions comme le magnétisme ou la luminescence, et leur confèrent un fort potentiel pour les technologies quantiques ou la spintronique, des domaines en plein essor qui exploitent notamment le spin des électrons pour le stockage de l’information.
Avec BRUNCH, il s’agit donc de construire une véritable « boîte à outils » pour aider les scientifiques du monde entier à explorer plus facilement les propriétés magnétiques de ces systèmes complexes. Une démarche à la fois théorique et concrète, qui ouvre des perspectives prometteuses pour les technologies quantiques et les matériaux du futur.
