Glioblastome : quand une molécule suspend le mouvement des cellules tumorales
Les glioblastomes, tumeurs cérébrales particulièrement agressives, résistent aux traitements en grande partie à cause de la présence d’une catégorie de cellules appelées cellules souches tumorales. Dans un article publié dans Cell Reports, des scientifiques du Centre de Recherche en Cancérologie et Immunologie Intégrée Nantes-Angers (CNRS/Nantes Université/Université d'Angers/Inserm) révèlent que la protéine JAMC freine l’invasion des cellules souches de glioblastome (GSCs) dans le cerveau. Elle agit comme un frein naturel à leur propagation en limitant leur adhérence aux vaisseaux sanguins.
Glioblastomes et cellules souches tumorales
Les glioblastomes sont les tumeurs du cerveau parmi les plus agressives chez l’adulte. Les échecs des thérapies s’expliquent en partie par la présence de cellules souches tumorales (GSCs). Ces cellules sont capables d’initier la formation des glioblastomes, de se déplacer dans le cerveau et de relancer la croissance tumorale après les traitements.
Dans un article publié dans la revue Cell Reports, des scientifiques ont identifié un régulateur clé de l’interaction entre ces cellules tumorales et les vaisseaux sanguins du cerveau. L’équipe montre que la molécule d’adhérence JAMC (Junctional Adhesion Molecule C) joue un rôle central dans la distribution des GSCs : elle fige les cellules à la paroi externe des vaisseaux et freine ainsi leur dissémination. Ce mécanisme agit via le contrôle d’autres protéines appelées intégrines, essentielles à l’ancrage des cellules dans leur environnement.
Les cellules souches de glioblastome exploitent en effet les vaisseaux sanguins du cerveau pour deux raisons : rester dans des zones dites niches protectrices où elles se multiplient (GROW), et migrer dans le tissu cérébral à distance (GO). Ce phénomène appelé "co-option vasculaire" reste mal compris, notamment en ce qui concerne les molécules d’adhérence impliquées.
JAMC, un frein naturel contre la propagation tumorale
Pour mieux comprendre ce mécanisme, les scientifiques ont combiné plusieurs approches expérimentales :
- Cultures de cellules de patients atteints de glioblastome obtenues lors de biopsies.
- Co-culture de ces cellules avec des cellules endothéliales cérébrales (cellules des vaisseaux sanguins) ou avec des matrices extracellulaires naturellement produites par ces cellules endothéliales.
- Utilisation de tranches de cerveau de souris permettant de conserver la structure tissulaire.
Les résultats montrent que l’absence d’expression et d’activité de JAMC provoque une modification de la morphologie des GSCs et une migration accrue le long des vaisseaux. Cela conduit à une invasion tumorale accélérée dans le cerveau et une réduction significative de la survie de souris greffées avec ces cellules.