Inhibition de la croissance du bacille de la tuberculose par une de ses toxines

Résultat scientifique Biologie

Certaines bactéries produisent des toxines qui leur permettent de contrôler leur propre croissance, facilitant ainsi une adaptation rapide à différents stresses ou autres agressions du système immunitaire. Les scientifiques, issus notamment de l'Institut de génétique et développement de Rennes (IGDR, CNRS/Université de Rennes 1), ont caractérisé le mécanisme d’action d’une de ces toxines présente chez Mycobacterium tuberculosis, le bacille de la tuberculose. La toxine se fixe au ribosome et clive spécifiquement certains ARN messagers (ARNm) en cours de traduction. Cette activité est pour la première fois observée par cryo-microscopie électronique. Les résultats sont publiés dans la revue Nature Communications.

Les systèmes "toxine-antitoxine" (TA) à deux composants comprennent une toxine (le poison) et une antitoxine (l’antidote) qui la neutralise. Les toxines utilisent des stratégies très diverses et élégantes pour ralentir ou bloquer la croissance bactérienne en ciblant principalement des processus ou des structures essentielles tels que la synthèse des protéines, le cycle cellulaire ou les membranes. Bien qu’à ce jour les conditions spécifiques qui conduisent à l’activation de ces toxines demeurent largement inconnues, ces systèmes ont été impliqués dans divers processus cellulaires, incluant la maintenance de gènes de virulence et d’éléments génétiques mobiles, la défense contre les bactériophages, la tolérance aux antibiotiques et la virulence. En accord avec ces caractéristiques, l’étude des cibles et des mécanismes d’actions de ces toxines offre donc de nouvelles perspectives pour la découverte de nouveaux agents antibactériens.

La virulence de Mycobacterium tuberculosis, le bacille de la tuberculose, réside principalement dans ses facultés d’adaptation aux nombreux stress qu’il rencontre au cours de son cycle infectieux, en particulier sa capacité à entrer dans un état de persistance qui lui permet de survivre chez l’hôte sans causer de maladie jusqu’à ce que les conditions deviennent plus favorables à sa dissémination, comme lorsque le système immunitaire de l’hôte s’affaiblit. De façon remarquable, Mycobacterium tuberculosis a la particularité de posséder un nombre très important de systèmes TA (plus de 80), qui pourraient participer à l’établissement de la phase de persistance chez cette bactérie.

Les scientifiques montrent qu’une fois activée, la toxine TAC de Mycobacterium tuberculosis se fixe au ribosome et coupe les  ARNm en cours de traduction, provoquant ainsi un arrêt transitoire de la synthèse protéique et par conséquent  de la croissance du bacille.

Contact

Reynald Gillet
Professeur à l'Université de Rennes 1, à l'Institut de génétique et développement de Rennes (IGDR, CNRS/Université de Rennes 1)