Le génome d’un canidé de la grotte Chauvet et son alimentation révélés par l’ADN ancien
Un canidé vieux de 35 000 ans de la grotte Chauvet-Pont d’Arc a commencé à parler. L’étude d’un excrément fossilisé (coprolithe) de la grotte, publiée dans la revue Ecology and Evolution, retrace l’histoire d’une lignée de canidés aujourd’hui disparue. C’est grâce à l’excellente préservation de l’ADN ancien que le génome et même l’alimentation du canidé de la grotte Chauvet, une louve, ont pu être étudiés.
La grotte Chauvet-Pont-d'Arc contient certaines des plus anciennes peintures paléolithiques, des milliers d'ossements d’ours des cavernes, ainsi que des restes et des empreintes de multiples animaux, faisant de Chauvet la plus ancienne et la plus précieuse des grottes ornées de la Préhistoire. Dans le cadre du projet de recherche interdisciplinaire consacré à la grotte Chauvet, les scientifiques, notamment de l'Institut de génétique et développement de Rennes (IGDR, CNRS/Université Rennes1) ont étudié un coprolithe par des approches multi-disciplinaires allant de la datation à l’analyse des génomes anciens (paléogénomique).
C’est par la datation au radiocarbone de fragments d'os du coprolithe que les chercheurs lui ont attribué un âge de 35 000 ans, similaire aux âges des œuvres d'art paléolithiques et des restes d'ours des cavernes du même secteur de la grotte Chauvet. L’analyse paléogénomique a notamment révélé une grande abondance d'ADN de canidé, représentant près de 10 % de l’ADN total de l’échantillon ce qui est exceptionnel, car dans les échantillons de cet âge, 10 à 100 fois moins d’ADN endogène sont préservés. De l’ADN d'ours des cavernes est également présent dans le coprolithe, mais beaucoup moins abondant que l’ADN de canidé. Les scientifiques concluent que le coprolithe est celui d'un canidé qui avait consommé de l’ours des cavernes, espèce aujourd’hui éteinte mais représentée par plusieurs centaines de spécimens dans la grotte Chauvet.