L’émergence de recherches sur la planification marine
Alexia Pigeault est ingénieure d’études en médiation et participation, Brice Trouillet est professeur de géographie à Nantes Université. Ils sont tous les deux membres du laboratoire Littoral, Environnement, Télédétection, Géomatique (LETG, CNRS / Nantes Université / Université de Bretagne Occidentale / Université Rennes 2). Les recherches de Brice Trouillet portent sur la dynamique des activités humaines en mer et la « gouvernance » de l'océan.
Les mers et les océans font l'objet d'une exploitation croissante par diverses activités (pêche, extraction de granulats, tourisme, transport, énergies marines, etc.). Toutes ces activités occupent l'espace et peuvent avoir des conséquences néfastes sur l'environnement et provoquer des conflits. C'est dans ce contexte et afin d’organiser le déroulement des activités en tenant compte de la préservation de l'environnement marin que la Planification spatiale marine (PSM) a été mise en place à travers le monde. En étudiant les relations entre activités, leurs modes de gouvernance, ou encore les informations mobilisées, les sciences humaines et sociales fournissent des clés de compréhension des enjeux maritimes.
Premier enjeu : l’information géographique
L’observation et la planification des activités en mer reposent d’abord sur des informations géographiques. Certaines, comme la pêche professionnelle, sont plus difficiles à observer et à cartographier, car mobiles et variables. Le manque de données sur la pêche ainsi qu’une invisibilisation des questions techniques sur la donnée elle-même (choix d'une donnée plutôt qu'une autre, d'une métrique plutôt qu'une autre, d'une ou plusieurs années d'activité plutôt que d'autres, etc.) a conduit à un partenariat entre le laboratoire Littoral, Environnement, Télédétection, Géomatique et les pêcheurs. Celui-ci concerne aujourd’hui 4 000 navires, soit plus de 90 % de la flotte métropolitaine. Les données produites (enquêtes) sont ensuite mobilisées par les Comités des pêches en lien avec les politiques publiques nationales et européennes : zones de moindres contraintes (en lien avec l’implantation de parcs éoliens offshore), analyse des risques « pêche » dans les sites Natura 2000, négociations post-Brexit, etc. Début 2023, plus de 200 études ont été menées soulignant l'importance de ce processus collaboratif .