L’expérience DAMIC-M livre les premiers résultats de sa recherche de matière noire

Résultat scientifique Physique

Au terme de trois mois de prise de données, le prototype du détecteur de matière noire DAMIC-M, un simple capteur CCD de 20 grammes installé dans la caverne du Laboratoire Souterrain de Modane et capable de distinguer chaque électron isolément, a permis d’établir des contraintes strictes sur lexistence de particules de matière noire ultra légères. Un résultat de très bonne augure pour lexpérience finale, dont le démarrage est prévu dans quelques mois. DAMIC-M est un projet porté par le LPNHE (CNRS / Sorbonne Université) avec des contributions IJCLab, LPSC et Subatech. 

La technologie derrière vos photos de vacances vient de faire avancer la connaissance sur la matière noire, cette matière dont les physiciens soupçonnent quelle baigne lUnivers entier, mais qui résiste jusqu’à aujourdhui à toute forme de détection. Cest en effet en exploitant le potentiel des CCD (Charge-Couple Devices), des capteurs en silicium similaires à ceux qui équipent de nombreux appareils photo numériques, que la collaboration DAMIC-M est parvenue à réfuter les prédictions de certains modèles de production de la matière noire dans la région des basses masses, comprises entre 1 et 1000 MeV/c2. Le pari de la collaboration menée par les laboratoires CNRS Nucléaire & Particules, celui de sappuyer sur des capteurs photographiques améliorés pour les besoins de lexpérience, a donc été payant.

Lhypothèse de lexistence de particules dotées de masse mais ninteragissant pas avec la lumière – et donc impossibles à observer directement dans lUnivers – est la mieux placée pour percer certains mystères soulevés par lobservation astrophysique, tels que linexplicable cohésion interne des galaxies face à leur force centrifuge, qui devrait les émietter. Des particules de matière noire à fort impact gravitationnel pourraient ainsi imprégner lensemble du cosmos, représentant jusqu’à 80% de la matière dans lUnivers. Pourtant, elles restent à ce jour introuvables. Même leur masse ne fait pas consensus : celle-ci dépend entièrement des modèles de production proposés par les théoriciens. DAMIC-M, par exemple, a choisi de se concentrer sur la détection de particules légères (entre 1 MeV et 1 GeV), interagissant avec les électrons.