Mathieu Acher met en échec les failles de la variabilité logicielle profonde
Maître de Conférences à l'Université de Rennes 1, le chercheur en informatique est également membre de l'équipe DiverSE de l'Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires (IRISA - CNRS/ENS Rennes/Inria/INSA Rennes/IMT Atlantique/Université de Bretagne-Sud/Université de Rennes 1) depuis septembre 2012. Désigné membre junior de l'Institut universitaire de France (IUF) au titre de la médiation scientifique, Mathieu Acher entend mettre à contribution cette nomination pour pousser encore plus loin son exploration de la variabilité qui impacte toutes les couches d’un système logiciel, du système d’exploitation au code source de l’application en passant par les compilateurs et les données.
Depuis bientôt dix ans, la modélisation et la gestion de la variabilité dans les systèmes à forte intensité logicielle sont au centre des recherches de Mathieu Acher. Ce passionné de jeu d'échecs, lui-même classé Maître de la fédération internationale des échecs, compte d'ailleurs parmi ses rares figures tutélaires le célèbre champion du monde d'échecs Garry Kasparov. « Au même titre que le mathématicien Alan Turing qui a contribué à établir les fondements de l'intelligence artificielle au cours des années 1940, Garry Kasparov fait partie des pionniers de l’informatique dans le sens où il a très vite compris l’intérêt de s’aider des programmes informatiques pour préparer ses parties tout en s’efforçant de démontrer les limites de l’intelligence artificielle en affrontant le supercalculateur Deep Blue vers la fin des années 1990 », relève l'enseignant-chercheur.
C'est au cours de ses études d’informatique à l'Université de Nice Sophia Antipolis, où il s'oriente rapidement vers la compilation des langages informatiques, que Mathieu Acher découvre le concept de la variabilité logicielle. La thèse qu'il soutient en 2011 dans cette même université préfigure la recherche qui mène actuellement dans ce domaine. «J'y ai développé à la fois des fondements théoriques et un support pratique pour la gestion des « feature models », un formalisme largement utilisé pour spécifier et raisonner sur la similitude et la variabilité des systèmes », souligne-t-il. Chaque « feature » ou caractéristique représente un artéfact logiciel tel qu’un composant, un morceau de code source ou encore une base de données. Avec Robert France, informaticien à l’Université d'État du Colorado, Philippe Collet et Philippe Lahire, tous deux professeurs en sciences de l’informatique à l'Université de Nice Sophia Antipolis, il est également à l'initiative du projet FAMILIAR (FeAture Model scrIpt Language for manIpulation and Automatic Reasoning)1 . « Cet outil d'analyse permet de raisonner sur plusieurs « feature models » d'un même logiciel pour pouvoir combiner ces opérations dans le but de réaliser des tâches complexes de gestion de la variabilité », explique Mathieu Acher. Recruté en 2012 par l’IRISA de Rennes, l'un des plus grands laboratoires de recherche français dans le domaine de l'informatique, le scientifique y observe désormais le logiciel sous toutes les coutures dans le but de déceler des failles de fonctionnalité et de performances.
- 1En 2019, ce travail a reçu le prix de l’article le plus influent lors de la conférence internationale ACM SIGPLAN sur l’ingénierie des langages de programmation.