Susan Conway : récompensée pour ses études sur le sol martien

Prix et distinction Terre et Univers

Au-delà des fabuleuses images qu’elles ramènent, les missions spatiales fournissent une quantité astronomique de données. Susan Conway, chargée de recherche CNRS en géomorphologie au Laboratoire de planétologie et géodynamique (LPG, CNRS/Université de Nantes/Université d’Angers), est ainsi spécialisée dans l’étude des phénomènes qui sculptent la surface des planètes, dont Mars. Des travaux qui lui valent de recevoir la médaille de bronze 2020 du CNRS.

  • Quels sont vos sujets de recherche ?

J’analyse des données acquises par des satellites et des sondes, sur Mars et d’autres planètes. J’essaye de mieux comprendre quels processus agitent leur surface, en particulier en quête de traces d’eau liquide qui aurait pu s’écouler auparavant et façonner ces paysages. J’observe la topographie de vastes zones à la recherche de phénomènes qui se retrouvent sur Terre, mais aussi de cas de figure bien plus exotiques, comme les effondrements provoqués par la sublimation du CO2. Je mène également des travaux à plus petites échelles, avec par exemple des simulations en laboratoire du sol martien.

 

  • Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous orienter vers la recherche et la géomorphologie planétaire ?

Quand j’étudiais les sciences de la Terre et la géologie à Cambridge, j’ai été étonnée d’apprendre que Mars ne se résumait pas à une série de cratères. On a parfois l’image de planètes à la surface morne et pleine de trous, sans rien de bien intéressant. Mais là j’ai été très frappée par ces paysages qui ressemblaient à ce que l’on peut trouver sur Terre, et j’ai absolument voulu savoir comment c’était possible. J’ai donc orienté mon projet de fin de licence sur l’étude des cratères d’impact sur Mars et la Terre, alors qu’on venait d’obtenir les premières mesures topographiques complètes de notre planète. Et, comme on dit en Angleterre, « the rest is history ».

Toujours à Cambridge, je suis allée jusqu’au master, avant de travailler dans le privé, puis j’ai passé ma thèse à l’Open University de Milton Keynes, au Royaume-Uni. Mon premier post doc s’est fait au LPG, où j’ai finalement été recruté quelques années plus tard.

 

  • À quoi ressemble votre environnement de travail ?

L’analyse des données de télédétection peut se faire n’importe où tant qu’on a un ordinateur, mais je les étudie surtout au laboratoire. Au niveau des expériences cependant, certains équipements pour simuler la surface martienne ne sont pas présents dans tous les instituts de recherche : il faut donc être sur place.

Enfin, je participe à des réunions internationales avec les équipes des missions spatiales, de la NASA comme de l’ESA. Nous décidons ensemble des sites à observer en priorité et de quels instruments installer sur la sonde ou le satellite à envoyer. Nous devons nous coordonner pour que les images et les données servent au plus de chercheurs possibles, voire à toute la communauté et même au-delà, puisque nous avons choisi de tout rendre public.

 

  • Quelles sont les perspectives de la recherche dans votre domaine ?

Les prochains grands programmes vers Mars ne devraient pas avoir lieu avant une trentaine d’années, là nous travaillons sur les données qui ont déjà été récoltées. Actuellement en vol, la mission Perseverance, avec un rover semblable à Curiosity, devrait toutefois atteindre la planète rouge dans moins d’un an et entreposer des échantillons, mais j’y suis très peu impliquée. L’ESA et la NASA se tournent à présent vers d’autres planètes, comme Mercure, qui la mission Bepi Colombo rejoindra dans quelques années. Je devrais également participer à des projets concernant la Lune, mais qui sont encore sur le papier. Tant qu’une sonde n’est pas partie à l’atelier et que ses instruments n’ont pas été achetés, rien n’est fixé dans notre domaine.

 

  • Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux jeunes générations ?

Que la science, c’est vraiment cool ! L’espace capte l’imagination, on en rêve quand on est jeune… Mais ça ne veut pas dire que c’est inaccessible, ce n’est pas parce que nous étudions des objets extrêmement éloignés que c’est impossible, il faut essayer.

Plus d'informations sur Susan Conway