Christine Chevallereau © Jean-Claude MOSCHETTI / CNRS Images

Christine ChevallereauRoboticienne

Médaille d’argent du CNRS

Christine Chevallereau est directrice de recherche CNRS au Laboratoire des sciences du numérique à Nantes (LS2N – CNRS/ École Centrale Nantes/ Nantes Université). Ses travaux récents concernent la robotique bio-inspirée et l’usage de tenségrités. Pour ses travaux récents concernent la robotique bio-inspirée et l’usage de tenségrités, elle a reçu la médaille d’argent du CNRS.

Les tenségrités, ces structures légères utilisent un ensemble d’éléments en compression et en traction pour maintenir leur forme stable, les éléments en traction étant généralement des câbles. Dans une collaboration interdisciplinaire avec des biologistes, Christine Chevallereau a ainsi pu montrer que la tenségrité peut expliquer que les oiseaux parviennent à dormir debout, y compris sur une seule patte sans dépense d’énergie. Après s’être intéressée à la modélisation et à la commande de robots sériels redondants, flexibles et en présence de singularités, Christine Chevallereau a bifurqué sur l’étude de la marche bipède. Si ses recherches se situent plutôt en amont, elles trouvent deux applications principales. D’abord mieux comprendre la marche pour des applications médicales, comme les exosquelettes et la réhabilitation. Ensuite, ses robots à câbles trouvent des débouchés dans l’industrie. Christine Chevallereau fait partie des 2% des scientifiques les plus influents selon le classement de Stanford.

Christine Chevallereau a obtenu son doctorat en 1988 à l’Université de Nantes. Elle est recrutée l’année suivante par le CNRS comme chargée de recherche à l’IRCCyN . La scientifique a passé son habilitation à diriger les recherches et est devenue directrice de recherche en 2006. Elle a également été directrice adjointe du LS2N de 2017 à 2021.

J’ai beaucoup travaillé sur la bipédie inspirée de l’humain. Aujourd’hui, il me semble qu’il faudrait regarder du côté des oiseaux car, du point de vue de l’évolution, ils marchent depuis le temps des dinosaures et donc depuis bien plus longtemps que nos ancêtres.

Christine Chevallereau a surtout travaillé sur la marche bipède en robotique, avec un tournant vers les approches bio-inspirées à partir des années 2017 suite au démarrage d’une collaboration avec le Muséum national d’histoire naturelle. Ses recherches regardent notamment du côté des pattes des oiseaux, mais aussi de leur cou, via le concept de tenségrité. Maintenir les objets par la tension plutôt que la compression permet d’obtenir des structures plus légères, économes et plus faciles à commander, car le corps résout alors par lui-même un certain nombre de problèmes d’équilibre.

Je me suis détournée des robots humanoïdes, qui sont trop énergivores.

Elle a ainsi développé des robots à câbles, capables de reproduire l’équilibre postural des pattes d’un oiseau, avec le diamant mandarin comme modèle, grâce à seulement quatre câbles. Cette conception des pattes, résultat d’aller-retour avec une biologiste, permet d’expliquer des particularités anatomiques des oiseaux (boucle ligamentaire, calcification) et pourrait permettre de repenser la marche comme un enchaînement de postures d’équilibre.

« Cette médaille est une certaine surprise et un grand plaisir, se réjouit Christine Chevallereau. C’est une reconnaissance importante de la qualité des recherches. La vie est faite de coïncidences et de chances, qu’il faut savoir apprécier. »