De nouveaux verres nés de coquilles marines recyclées
L'artiste Lucile Viaud et le chimiste Ronan Lebullenger, maître de conférences à l'Université de Rennes 1, collaborent à l'Institut des sciences chimiques de Rennes : ils explorent les propriétés de verres uniques, nés du recyclage de matières naturelles : coquilles marines, sable, soude issue du goémon, coquilles d'escargots...
Recycler des déchets issus de matières naturelles pour créer des verres uniques, c’est l’idée de Lucile Viaud. L’artiste-chercheuse valorise des coquillages, pour en faire un verre marin, recyclable à l’infini. Une matière qu’elle a nommée Glaz, comme les couleurs changeantes de la mer bretonne.
Ce verre marin Glaz présente lui aussi un dégradé de couleurs, naturellement, selon qu’il est composé de coquilles d’huîtres, d’ormeaux ou de Saint-Jacques. Lucile Viaud s’est intéressée à la création de nouveaux verres dès ses études en design à l’école Boulle à Paris et depuis 2018. Ses verres en Glaz ornent les tables du restaurant d’Hugo Roellinger, à Cancale.
- De la démarche artistique à l'exploration scientifique
Lucile Viaud s’est alors mise à la recherche d’un chimiste pour l’aider à analyser ce verre très particulier. Elle a d’abord rencontré les souffleurs de verre de l’Université de Rennes 1 et du CNRS, qui créent la verrerie utilisée dans les laboratoires, puis Ronan Lebullenger, maître de conférences à l'Université de Rennes 1, membre de l’équipe Verres et Céramiques de l’Institut des sciences chimiques de Rennes. L'ISCR est une unité mixte de recherche dont l'Université de Rennes 1 partage la co-tutelle avec le CNRS, l'ENSCR et l'INSA Rennes.
- Des mousses de verres aux applications multiples
Ronan Lebullenger développe un travail sur les mousses de verre. Il s’est lancé le défi d’en produire en recyclant des verres de vitres ou d’emballage (bouteilles, bocaux, etc). Couramment utilisées pour l’isolation phonique et thermique dans d’autres pays européens, elles sont peu fréquentes en France.
Elles sont aussi une piste pour créer des biomatériaux pour une utilisation médicale (pour un comblement ou un substitut osseux), ou encore des filtres pour détruire les COV (Composés organiques volatils).
Un brevet a été déposé en 2015 avec le soutien de la SATT Ouest Valorisation pour ces filtres innovants, composés d’une mousse poreuse, issue à 90% de verre recyclé et dans laquelle sont déposées des nanoparticules métalliques qui réagissent avec les COV pour les détruire.